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CHANTS POPULAIRES DE LA BRETAGNE.

variantes dans les quatre dialectes bretons. Je la publie d’après une version cornouaillaise, mais évidemment elle a été composée dans le dialecte de Vannes. Les moines de Saint-Gildas de Rhuiys, dont Abailard était abbé, et qu’il traita, comme on sait, avec un tel dédain philosophique qu’on le chassa du pays, pourraient bien n’avoir pas été étrangers à sa composition, et s’être faits l’écho satyrique des croyances populaires sur Héloïse, pour se venger de l’insolence de leur supérieur et venger, du même coup, les Bretons insultés par lui. Ce qu’il y a de certain, c’est que, parmi des souvenirs évidemment druidiques, il s’est glissé, dans la pièce, quelques réminiscences toute classiques, dont les moines ont pu emprunter l’expression à leurs auteurs latins ; sans parler de la Magicienne de Théocrite, Héloïse ne rappelle-t-elle pas, en effet, la Canidie d’Horace[1] ?

En écrivant sa belle histoire d’Abailard, M. Ch. de Rémusat ne pouvait oublier ai métamorphose de son héroïne par la poésie armoricaine[2].

  1. Cœlo diripere lunam vocibus possum meis. (Epod. XVII, 78.) j Cf. Virgile : Carmina vel cœlo possunt deducere lunam. (Eglog. VIII. 69.)
  2. Preuves et autorités de l’histoire d’Abélard, t. I, p. 17.