Page:Barzaz Breiz, huitième édition.djvu/228

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
134
CHANTS POPULAIRES DE LA BRETAGNE.

soubz celles sergentises; et ainxi ont esté noz dits subjetz mangiez, destruits, et grandement pillez, et justice celée, et les rapports malilvesement et faulxement recordez... pour ce avons ordrenné et ordrennons que ceulx qui tendront et à qui nous donrons desoremes en avant sergentises en nostre duché, les serviront en leurs propres personnes, sans les bailler à ferme... et ne prendront ceulx sergents des subjetz de leurs sergentises, robes, pansions, louiers, ne aultres choses... ; vinages, bladages, gerbages, ne aultres exactions induës, et en ont levé plusieurs aultres et usé du contraire, dont nous entendons à les faire punir[1]. »

S’il n’y a pas de doute sur la cause de la Jacquerie chantée dans le bardit rustique, il y en a sur les premiers individus qui y prirent part, et le lieu où elle éclata. Malgré l’assertion du poëte , ou du moins des chanteurs, on ne peut croire qu’elle ait pris naissance dans les Montagnes Noires, car les Cornouaillais avaient leurs comtes particuliers au onzième siècle et n’étaient pas encore réunis au domaine ducal. L’esprit de résistance opiniâtre qu’ils ont si souvent montré leur aura fait attribuer une levée de bâtons à laquelle ils ont dû rester étrangers, et qui regarde principalement les paysans vannetais, leurs voisins. Partant, ils seraient innocents du sac de Guerrande, que ces derniers ont fort bien pu faire, à l’imitation des Normands.

  1. Établissements de Jean III. (Histoire de Bretagne, preuves, t. I, col. 1163 et 1164.