Et Kado de prendre un tison, et chacun d’en prendre un comme lui : — En route, enfants, en route maintenant! et vite à Guerrande ! —
Sa femme marchait à ses côtés, au premier rang, portant un croc sur l'épaule droite, et elle chantait en marchant : — « Alerte ! alerte ! mes enfants !
« Ce n’est pas pour aller demander leur pain que j’ai mis au monde mes trente fils ; ce n’est point pour porter du bois de chauffage, oh ! ni des pierres de taille non plus !
« Ce n’est pas pour porter des fardeaux comme des bêtes de somme que leur mère les a enfantés ; ce n’est pas pour piler la lande verte, pour piler la lande rude avec leurs pieds nus.
« Ce n’est pas aussi pour nourrir des chevaux, des chiens de chasse et des oiseaux carnassiers ; c’est pour tuer les oppresseurs que j’ai enfanté mes fils, moi! » —
Et ils allaient d’un feu à l’autre, en suivant la montagne :
— Alerte! alerte! boud ! boud[1] ! iou ! iou[2] ! Au feu, au feu, les valets du fisc! —
Quand ils descendirent la montagne, ils étaient trois mille et cent; quand ils arrivèrent à Langoad, ils étaient neuf mille réunis.