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LEZ-BREIZ.

Et le sien, mettant le nez au vent, y répondit en caracolant.
Arrivé à l’extrémité du bois, il reconnut le cheval noir de Lez-Breiz.
Il était près de la fontaine, la tête penchée, mais il ne paissait ni ne buvait ;
Seulement il flairait le gazon vert et il grattait avec les pieds.
Puis il levait la tête, et recommençait à hennir lugubrement.
A hennir lugubrement : quelques-uns disent qu’il pleurait.
— Dites-moi, ô vous, vénérable chef de famille, qui venez à la fontaine, qui est-ce qui dort sous ce tertre ?
— C’est Lez-Breiz qui dort en ce lieu; tant que durera la Bretagne, il sera renommé ;
Il va s’éveiller tout à l’heure en criant, et va donner la chasse aux Franks ! —


NOTES

Il serait curieux de comparer le dernier chant de ce poëme avec un récit latin du temps, ouvrage d’un religieux frank nommé Ermold le Noir, qui suivit en Bretagne l’armée de Louis le Débonnaire, et qui a chanté sa victoire sur les Bretons. Même esprit, mêmes rôles, même caractères, et souvent mêmes faits. Je ne ferai qu’un rapprochement, mais il est frappant. Après avoir raconté le résultat de l’expédition de Louis le Débonnaire contre Morvan-Lez-Breiz, Ermold le Noir ajoute : « Quand Morvan eut été tué, on apporta sa tête toute souillée de sang à un moine appelé Witchar, qui connaissait bien les Bretons, et possédait sur les frontières une abbaye qu’il tenait des bienfaits du roi ; Witchar