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MERLIN

FRAGMENTS DE BALLADES

— DIALECTE DE CORNOUAILLE—




ARGUMENT


On a cru longtemps que deux bardes ont porté le nom de Merlin[1]; l’un, qui serait né d’une vestale chrétienne[2], et d’un consul romain[3], aurait vécu au cinquième siècle sous le règne d’Ambroise Aurélien, et passé pour le premier des devins de son temps[4];

L’autre, qui ayant eu le malheur de tuer involontairement son neveu, à la bataille d’Arderiz où il portait le collier d’or, marque distinctive des chefs cambriens, aurait perdu la raison, et se serait retiré du monde. (vers la fin du sixième siècle).

Aujourd’hui les critiques s’accordent à voir dans le personnage de Merlin le héros unique d’une triple tradition, où il apparaît comme un être mythologique, historique et légendaire.

Qu’il me soit permis de renvoyer le lecteur, pour les preuves, au livre que j’ai écrit sous le titre de Myrdhinn ou l’enchanteur Merlin, son histoire, ses œuvres, son influence.

Les Gallois possèdent des poésies de ce barde, mais malheureusement rajeunies et même transformées aux douxième et treizième siècles, dans un intérêt national.

Les Bretons d’Armorique ont seulement quelques chants populaires qui le concernent.

J’en ai retrouvé quatre, débris altérés d’un cycle poétique dont de nouvelles découvertes combleront sans doute les nombreuses lacunes. Le premier est une chanson de nourrice. Quoique Merlin n’y soit pas nommé, il s’agit évidemment de l’être merveilleux que son nom rappelle et de son origine mythologique ;

Le second fragment le représente comme un magicien ou un devin ;

Dans le troisième, qui est une ballade complète, il n’est plus que barde et joueur de harpe ;

  1. Les Gallois écrivent Myrdhin, Merdhyn et Myrdin, et prononcent à peu près Merzlin, les Armoricains, Marzin.
  2. Ann-ap-léan, « le fils de la nonne » (Myvyrian, t. I, p. 78;. Nennius traduit lean par vestalis.
  3. Unus de consulibus Romanorum pater meus est. (Nennius, éd. de Gunn, p. 72.)
  4. Prif Dewin Merddin-Emrys. (Myvyrian, t. I, p. 78.)