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PRÉFACE.

puis affirmer, c’est qu’aucune d’elles ne savait lire, et que par conséquent pas une de leurs chansons n’avait pu être empruntée à des livres.

Celles que j’ai puisées dans le portefeuille des érudits bretons, qui m’ont libéralement permis de compléter mes recherches au moyen des leurs, n’étaient pas moins purement orales, comme j’en ai acquis la preuve aux lieux mêmes où on les chante.

Dans la masse des matériaux ainsi obtenus, et qui feraient bien des volumes, les uns étaient remarquables au point de vue de la mythologie, de l’histoire, des vieilles croyances ou des anciennes mœurs domestiques ou nationales ; d’autres n’avaient qu’une valeur poétique ; quelques-uns n’en offraient sous aucun rapport. J’ai donc été forcé de choisir, mais je n’ai pas craint d’être trop sévère et de me restreindre extrêmement, me rappelant l’avis d’un maître, que la discrétion, le choix, sont le secret de l’agrément en littérature[1].

Pour avoir des textes aussi complets et aussi corrects que possible, je me les suis fait répéter souvent par différentes personnes et en différents lieux.

Les versions les plus détaillées ont toujours fixé mon choix ; car la pauvreté ne me semble pas le caractère des chants populaires originaux ; je crois, au contraire, qu’ils sont riches et ornés dans le principe, et que le temps seul les dépouille. L’expérience prouve qu’on n’en

  1. M. Sainte-Beuve.