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LA MARCHE D’ARTHUR.


« Et trois pour un, c’est ce qu’il faut, dans la vallée comme sur la montagne, jour et nuit, s’il se peut, jusqu’à ce que les vallées roulent des flots de sang.

« Si nous tombons percés dans le combat, nous nous baptiserons avec notre sang, et nous mourrons le cœur joyeux.

« Si nous mourons comme doivent mourir des chrétiens, des Bretons, jamais nous ne mourrons trop tôt ! »




NOTES


Cette dernière strophe, dont les généreux sentiments forment un étrange disparate avec le reste de la pièce et qui y a sans doute été ajoutée par une voix moderne, a dû contribuer à sauver de l’oubli la Marche d’Arthur. Elle était toujours répétée trois fois par les chanteurs, qu’elle enthousiasmait. Les autres ne leur offraient probablement qu’un sens vague ; la lettre et l’esprit sont si loin de la manière de parler et de penser d’aujourd hui ! Rien n’empêche de croire, comme on l’a prétendu, que le chant a passé du dialecte cambrien dans le dialecte armoricain, au septième siècle, à la séparation de l’un et de l’autre peuple. La pièce offre effectivement plusieurs tournures grammaticales elliptiques, un grand nombre d’expressions étrangères au dialecte du continent et la forme ternaire et allitérée des poèmes bardiques gallois. J’ajouterai que les connaisseurs s’accordent à trouver à la mélodie, qui est éminemment énergique et martiale, un caractère tout particulier d’antiquité.