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CHANTS POPULAIRES DE LA BRETAGNE.


Le fils du guerrier disait à son père un matin : — Des cavaliers au sommet de la montagne !

Des cavaliers qui passent montés sur des coursiers gris qui reniflent de froid !

Rangs serrés six par six ; rangs serrés trois par trois ; mille lances brillant au soleil.

Rangs serrés deux par deux, suivant les drapeaux que balance le vent de la Mort.

Neuf longueurs d’un jet de fronde depuis leur tête jusqu’à leur queue.

C’est l’armée d’Arthur, je le sais ; Arthur marche devant au haut de la montagne.

— Si c’est Arthur, vite à nos arcs et à nos flèches vives ! et en avant à sa suite, et que le dard s’agite ! —

Il n’avait pas fini de parler que le cri de guerre retentit d’un bout à l’autre des montagnes :

— « Cœur pour œil ! tête pour bras ! et mort pour blessure, dans la vallée comme sur la montagne! et père pour fils et mère pour fille !

« Étalon pour cavale, et mule pour âne ! chef de guerre pour soldat, et homme pour enfant! sang pour larmes, et flammes pour sueurs !