Page:Barzaz Breiz, huitième édition.djvu/129

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


V

LES NAINS

− DIALECTE DE CORNOUAILLE −


ARGUMENT


Il en est des chants sur les Nains comme des chants dont les fées sont l’objet ; ils sont très-rares, tandis que les traditions relatives à ces êtres surnaturels sont multipliées à l’infini. Celui que nous donnons ici revêt le plus souvent la forme d’un récit ; il a tout l’air d’une satire contre les tailleurs, cette classe vouée au ridicule en Basse-Bretagne comme dans le pays de Galles, en Irlande, en Écosse, en Allemagne et ailleurs, et qui l’était jadis chez toutes les nations guerrières, dont la vie agitée et errante s’accordait mal avec une existence casanière et paisible. En Basse-Bretagne on dit encore proverbialement, qu’il faut neuf tailleurs pour faire un homme, et personne jamais ne prononce leur nom, sans ôter son chapeau et sans ajouter : « sauf votre respect. » La Très-ancienne Coutume de cette province aurait pu les ranger dans la classe des « vilains natres, ou gens qui s’entremettent de vilains métiers, comme être écorcheurs de chevaux, de viles bestes, garsailles, truandailles, pendeurs de larrons, porteurs de pastez et plateaux en tavernes, crieurs de vins, poissonniers; qui s’entremettent de vendre vilaines marchandises, et qui sont ménestriers ou vendeurs de vent ; lesquels ne sont pas dignes de eux entremettre de droits ni de coustume. » On en jugera par le joli badinage suivant.


Paskou le Long, le tailleur, s’est mis à faire le voleur, dans la soirée de vendredi.

Il ne pouvait plus faire de culottes : tous les hommes sont partis pour la guerre contre ceux de France et leur roi.