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III

LE SEIGNEUR NANN ET LA FÉE

— DIALECTE DE LEON -


ARGUMENT

En indiquant précédemment le caractère général des fées chez les différents peuples de l’Europe, et le caractère particulier des fées bretonnes, j’ai essayé de prouver que celles-ci paraissent avoir emprunté aux druidesses gauloises, non-seulement quelques traits essentiels de leur physionomie, mais jusqu’à leur nom de Korrigan. La ballade du seigneur Nann peut être citée comme exemple, pour montrer ce qui leur est propre, et ce qu’elles ont de commun avec les fées des autres peuples. Elle m’a été apprise, ainsi que la suivante, par une paysanne Cornouaillaise. Depuis lors je l’ai entendu chanter plusieurs fois en Léon : ce dialecte étant plus élégant que celui de Cornouaille, j’ai cru devoir le suivre.



Le seigneur Nann et son épouse ont été fiancés bien jeunes, bien jeunes désunis.

Madame a mis au monde hier deux jumeaux aussi blancs que neige ; l’un est un garçon, l’autre une fille.

— Que désire votre cœur, pour m’avoir donné un fils? Dites, que je vous l’accorde à l’instant :

Chair de bécasse de l’étang du vallon, ou chair de chevreuil de la forêt verte ?