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II

LA PROPHÉTIE DE GWENC’HLAN

− DIALECTE DE CORNOUAILLE −


ARGUMENT

Comme nous l’avons dit dans l’introduction de ce recueil, il est, parmi les chants populaires de la Bretagne, une pièce intitulée : Prophétie de Gwenc’hlan, que l’on attribue au barde du cinquième siècle de ce nom. Nous avons cité tout ce que les sources écrites nous ont fourni d’indications au sujet du poëte. Voici celles que nous offre la tradition.

Gwenc’hlan fut longtemps poursuivi par un prince étranger. Le prince, s’étant rendu maître de sa personne, lui fit crever les yeux, le jeta dans un cachot, où il le laissa mourir, et tomba lui-même, peu de temps après, sur un champ de bataille, sous les coups des Bretons, victime de l’imprécation prophétique du poëte.

Cette tradition s’accorde à merveille avec le chant suivant, recueilli en Melgven, que Gwenc’hlan passe pour avoir composé au fond de son cachot, quelques jours avant de mourir.



I


Quand le soleil se couche, quand la mer s’enfle, je chante sur le seuil de ma porte.

Quand j’étais jeune, je chantais ; devenu vieux, je chante encore.

Je chante la nuit, je chante le jour, et je suis chagrin cependant.