Page:Barthélemy-Saint-Hilaire - Métaphysique d’Aristote, tome 1, 1879.djvu/59

Cette page n’a pas encore été corrigée

telle que Platon l’a conçue, qu’il l’ait inventée ou qu’il l’ait empruntée aux Mégariques. Mais on doit avouer que, parfois, son langage est équivoque, et qu’il prête à des interprétations fâcheuses. Ainsi, lorsque, prenant l’exemple assez singulier d’un lit, il parle de trois Idées, l’une qui est à Dieu, l’autre qui est au tourneur, et la troisième qui est au peintre, on peut croire qu’il isole les Idées et les choses ; car il ne se peut guère que ce soit une même Idée qui appartienne tout ensemble à Dieu, à l’ouvrier, et à l’artiste. Et puis, y a-t-il donc des Idées de tout, et spécialement des choses que fabrique la main de l’homme ? Le doute né de cette équivoque est encore plus permis pour ce mythe du Phèdre, où Platon représente les âmes à la suite des Dieux, parcourant le monde des essences et les contemplant étincelantes de lumière, avant de descendre dans les ténèbres et la caverne d’ici-bas. Les essences, les Idées sont donc séparées des choses, puisque les âmes ont pu les voir dans un monde autre que le nôtre, et qu’elles en ont fait le tour sur les chars qui les emportalent.