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questions, que notre Scholastique du Moyen-Âge devait agiter si longuement, la réponse est évidente, après ce qui précède. Oui, les Idées sont des mots ; oui, elles sont des pensées, puisque, d’une part, elles nous servent à nommer les choses, et que, d’autre part, c’est la raison qui les conçoit. Mais ce serait une sorte de contradiction sacrilège de croire que les Idées ne sont que cela. Comme ce sont elles qui confèrent aux choses l’essence qui les fait ce qu’elles sont, elles ne peuvent être de vains mots ; elles ne peuvent pas avoir moins d’existence que les choses où elles apparaissent et qui en participent. Comme ce sont elles que la raison comprend, elles sont bien dans la pensée de l’homme ; mais elles sont ailleurs aussi, puisque ce n’est pas la pensée qui les produit ; elles sont dans les genres qu’elles constituent ; elles y existent d’une existence qu’on peut nier d’autant moins qu’elle est impérissable et éternelle [1].

Voilà bien le sens de la théorie des Idées,

  1. Voir des passages décisifs dans la République, liv. VI, pp. 2, 5 et 15, traduction de M. Victor Cousin.