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l’on converse. Qui a jamais vu l’Homme ? Cependant l’Homme-en-soi, l’Homme-même, pour prendre le langage Platonicien, est dans chacun des hommes individuels. Mais il n’y est que pour la raison ; il échappe à la sensibilité, qui ne l’y découvre point. L’Idée est donc rationnellement Une, puisqu’elle ne change pas d’un individu ou d’une espèce à l’autre ; et l’unité devient ainsi le caractère essentiel et dominant de l’Idée, qui résume en elle la pluralité. On peut s’égarer et se perdre parmi les individus, qui sont en nombre indéfini ; on ne peut se tromper à l’Idée, qui est d’autant plus claire qu’elle est plus simple.

Platon ne disconvient pas que l’existence des Idées ne soit difficile à comprendre, et qu’elle ne puisse sembler douteuse à la plupart de ceux qui essaieraient de faire cette abstraction. Mais, pour dissiper, autant qu’il le peut, les obscurités, il prend des exemples que tout le monde accepte, et qui facilitent cette analyse délicate. Il les emprunte aux mathématiques, que son école cultivait presque aussi ardemment que celle de Pythagore.