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n’a jamais sépare l’âme du corps, comment veut-on qu’il puisse absorber l’âme dans l’esprit de Dieu, qu’il ne connaît pas plus qu’elle ?

Il faut bien se souvenir que ces doctrines, toutes déplorables et tout absurdes qu’elles sont, n’ont rien de neuf quand le bouddhisme les proclame et les met par la prédication a la portée du vulgaire. On sait, qu’elles sont sorties de l’école du Sânkhya de Kapila, qui est le Sânkhya-athée, comme le désignent les brahmanes (Niriçvara). Le Sânkhya, longtemps avant le bouddhisme, enseignait ainsi que lui la délivrance de l’homme par la science et la vertu ; et l’on ne peut pas dire que Kapila absorbât l’âme humaine en Dieu, puisque Dieu n’existe pas dans son système, et que c’en est là le caractère particulier. Que faisait-il donc de l’âme, et que devenait-elle une fois délivrée ? Sur ce point, qui est le seul grave, le philosophe se taisait ; et son silence jetait sur sa solution une incertitude et une obscurité que le Bouddha a courageusement dissipée. L’âme, ou plutôt ce composé d’âme et de corps qu’on appelle l’homme, n’est délivrée réellement que si elle est anéantie ; car pour peu qu’il en restât le moindre atome, l’âme pourrait encore renaître sous une de ces apparences sans nombre que revêt l’existence ; et sa libération prétendue ne serait qu’une illusion comme toutes les autres. Le seul asile, et la