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J’avoue d’ailleurs que le Nirvâna sous celle forme mitigée, que toutefois il n’a pas, me semblerait si près du néant que je les confondrais volontiers l’un avec l’autre. L’absorption en Dieu, et surtout dans le Dieu du brahmanisme, est l’anéantissement de la personnalité, c’est-à-dire le vrai néant de l’âme individuelle ; et je ne vois pas ce qu’on gagne à imposer cette forme nouvelle au Nirvâna bouddhique. Mais je vais plus loin, et les Soûtras à la main, je soutiens que le Bouddha n’admet pas plus l’âme de l’homme qu’il n’admet Dieu. Je ne crois pas qu’il soit possible de citer un seul texte bouddhique où la distinction la plus simple et la plus vulgaire de l’âme et du corps soit établie, ni paraisse même soupçonnée. La mort n’est qu’une modification aussi trompeuse que tout le reste. L’homme, à moins qu’il ne suive la voie du Bouddha, renaît tout entier dans telle espèce d’êtres ou dans telle autre, selon ses mérites ; mais il n’y a pas eu de destinée spéciale ici pour son âme et là pour son corps. L’âme a transmigré dans un autre corps, c’est vrai ; mais elle n’est pas plus distincte de ce corps nouveau qu’elle ne l’était de l’ancien ; elle ne vit jamais sans lui, pas même dans ce fameux ciel du Toushita, où trônent les dieux du Panthéon brahmanique, pêle-mêle avec les bodhisattvas innombrables qu’y a joints la superstition des Bouddhistes. Si le Bouddha