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pas ; et quelque effort qu’il fasse pour en sortir, c’est une enceinte infranchissable dans laquelle il est toujours nécessairement renfermé. Quand, abusé par de vaines subtilités de mots, il a cru saisir enfin l’idée du néant, il ne tarde pas à s’apercevoir de la méprise qu’il commet : ce n’est pas le néant qu’il a pensé ; c’est une simple transformation de l’existence. Une forme nouvelle a remplacé celle qui a péri ; mais elle existe tout aussi bien que celle qui l’a précédée ; et cette destruction, toute réelle qu’elle est, n’est qu’une confirmation de l’être dans sa plénitude éternelle et indéfectible. On peut demander à Platon et à Parménide combien cette idée du néant nous échappe, et que d’illusions elle peut causer à notre esprit avant qu’il n’en reconnaisse l’absolue impossibilité. On peut apprendre d’Aristote combien est fausse toute conception du non-être qui impliquerait une négation universelle. Une chose peut cesser d’être ce qu’elle était ; elle peut devenir ce qu’elle n’était pas. Voilà les bornes fort étroites du non-être, ou du néant. Sous tout autre aspect, il est inconcevable, et il n’est que le mensonge d’une sophistique coupable, quoique habile, dans ses dangereuses hypothèses. L’être n’a ni commencement ni fin ; les êtres seuls naissent et meurent dans son sein immuable ; quant à lui, il n’est pas plus sujet au changement qu’à la mort ; tout ce