Page:Barthélemy-Saint-Hilaire - Du bouddhisme.djvu/43

Cette page n’a pas encore été corrigée
— 33 —

en mendiant (1). L’orphelin fut confié aux soins de sa tante maternelle Pradjâpatî Gaoutamî, qui était aussi une des femmes de son père, et qui devait être plus tard, au temps de la prédication, une de ses adhérentes les plus dé vouées.

L’enfant était aussi beau que l’avait été sa mère, et le brahmane Asita, chargé de le présenter au temple des dieux, suivant l’antique usage, prétendait reconnaître sur lui les trente-deux signes principaux et les quatre-vingts marques secondaires qui caractérisent le grand homme (2), selon les croyances populaires de l’Inde. Quelle que fût la vérité de ces pronostics, Siddhârtha ne tarda pas à justifier la haute opinion qu’on s’était faite de lui. Conduit aux écoles d’écriture (3), il s’y montrait plus habile que ses maîtres ; et l’un d’eux, Viçvamitra, sous la direction de qui il était plus spécialement placé, déclara bientôt qu’il n’avait plus rien à lui apprendre. Au milieu des compa gnons de son âge, l’enfant ne prenait point part à leurs jeux ; il semblait dès lors nourrir les pensées les plus hautes ; souvent il se retirait à l’écart pour méditer, et un jour qu’il était allé visiter avec ses camarades « le village de l’Agriculture (4), » il s’égara seul dans un vaste bois, où il resta de longues heures sans qu’on sût ce qu’il était devenu. L’inquiétude gagna jusqu’au roi son père, qui alla de sa personne le chercher dans la forêt, et qui le trouva sous l’ombre d’un djambou, plongé depuis long temps dans une réflexion profonde. Cependant l’âge arrivait où le jeune prince devait être (1) Rgya tch’er rol pa, de M. Ed. Foucaux, ch. vII, p. 100. (2) Idem, ibid., ch. vii, p. 105. (3) Idem, ibid., ch. x, p. 120. (4) Idem, ibid., ch. x1, p. 125.