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à cette mission, dont l’histoire doit lui savoir bon gré. De là vient que la Chine peut aujourd’hui nous en apprendre sur les peuples voisins avec qui elle a été en relation, beau coup plus que nous en apprennent ces peuples eux-mê mes, trop désintéressés de leur propre destinée. L’Inde, heureusement, s’est trouvée en contact avec la Chine dès les époques les plus anciennes ; et les annales chinoises, à défaut des annales indiennes, peuvent nous donner sur le Bouddhisme des renseignements incontestables. Voici déjà quelques-uns des principaux. Je les emprunte à la science bien connue de M. Stanislas Julien, qui, sur la demande soit de M. Biot, soit de M. E. Burnouf, soit de M. Fou caux, les a tirés des sources officielles, et l’on pourrait dire des archives de l’empire chinois.

Dans les annales des Han, l’historiographe Pan-Kou, chargé de les rédiger sous l’empereur Ming-Ti, de l’an 58 à l’an 76 de notre ère, parle d’une expédition faite par un général chinois, dans la troisième année de la période Youan cheou, c’est-à— dire 120 ans avant l’ère chrétien ne, contre des barbares, au nord du grand désert de Gobi, auxquels il prit une statue de couleur d’or, qu’ils adoraient. Cette statue, d’après tous les commentateurs de l’ouvrage de Pan-Kou, était celle du Bouddha, dont ces peuples avaient dès cette époque adopté la croyance ; et elle fut rapportée en Chine comme un trophée de la victoire (1). Ainsi, un siècle et demi tout au moins avant Jésus-Christ, le Bouddhisme avait déjà pu se répandre hors de l’Inde, et à plus de 500 lieues de son berceau, (1) Voir le Journal des Savants, cahier d’avril 1845, Ier article de M. Biot sur l’ouvrage de M. E. Burnouf, Introduction à l’his toire du Bouddhisme indien. Ce fait était déjà connu par le Foe Koue Ki de M. A. Rémusat, p. 41.