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pourront être aussi utiles à étudier que celles du Bot et de la Mongolie.

Voilà déjà, selon moi, un ensemble de faits philologi ques de la plus grande importance, et qui tous établissent de la manière la plus incontestable l’authenticité des livres bouddhiques. Mais au milieu de tous ces faits, quelque certains qu’ils soient, il n’y a pas une seule date précise, et avec nos habitudes européennes, cette lacune suffit presque à elle seule pour infirmer et détruire tout le reste. Quand a vécu le Bouddha ? A quelle époque a-t-il apparu dans la société indienne, et a-t-il tenté de la convertir à la foi nouvelle ? Voilà ce que nous voulons savoir, et tant qu’il reste du doute ou une obscurité sur ce point capital, nous hésitons et nous refusons de croire à quoi que ce soit.

A ne consulter que les monuments brahmaniques, on n’aurait aucune réponse à celte question. Si les Brahma nes ont gardé sur ce fait le plus complet silence, ce n’est pas dédain pour des adversaires qu’ils ont vaincus et qu’ils méprisent profondément ; ce n’est pas pour ensevelir dans l’oubli une croyance qu’ils détestent ; ils ont eu tout autant de négligence pour eux-mêmes ; et le Brahmanisme, qui n’a pas fait sa propre histoire, s’est abstenu de faire celle de ses ennemis. Heureusement que les Tibétains, au nord, les Singhalais, au sud, et surtout les Chinois, à l’est, ont eu plus de sollicitude. Ces trois peuples nous ont con servé chacun à leur manière le souvenir de cette grande époque. Mais ils ne s’accordent pas entre eux, et les dates nombreuses qu’ils assignent à la mort du Bouddha diffè rent de plusieurs siècles. Dans l’incertitude qui plane encore sur cette question capitale, et après bien des recher ches, M. Eug. Burnouf s’était arrêté à la date des Singha lais, c’est-à-dire à la plus récente, celle qui place la mort