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exemple ne puisse laisser prise à la moindre hésitation, je l’applique à l’un des hommes les plus justement illustres dans la philologie sanscrite, je veux dire Colebrooke. Il suffit de jeter les yeux sur les deux volumes de ses Mélanges[1], sans parler de ses autres œuvres, pour reconnaître la variété, l’étendue, la solidité de ses travaux, en même temps que ses rares qualités d’intelligence. Il n’est pas d’homme qui ait rendu plus de services aux études sanscrites, et qui fût mieux au courant de tout ce qui pouvait les servir et les développer. Dans ses Mémoires sur la philosophie indienne, que le premier il a eu la gloire de nous révéler, il en a consacré un, le cinquième[2], aux Djinas et aux Bouddhistes ; et l’on y peut voir combien peu de renseignements les gens les plus savants possédaient alors sur les croyances et l’histoire du Bouddhisme. Colebrooke, avec la réserve qui le distingue, comme elle distinguait et plus encore M. E. Burnouf, croit ne pas trop s’avancer en affirmant que le Bouddhisme est originairement indien ; et il semble que ce soit encore une sorte d’audace à ses yeux que d’oser aller jusque-là. Il ne possède pas un seul des ouvrages originaux du Bouddhisme, bien qu’il sache qu’ils ont été composés en sanscrit et en pâli[3] ; et il en est réduit, pour exposer les opinions des Bouddhistes, qu’il veut faire connaître, à les tirer des réfutations de leurs adversaires brahmaniques. C’est sur la foi des deux Mîmânsâs, première et dernière, sur la foi du Sânkhya de Kapila, qu’il analyse la philosophie du Bouddha. Il fait de Çakyamouni, qu’il nomme Bouddha

  1. Miscellaneous Essays, by H. T. Colebrooke, in two volumes, 8°, London, 1837.
  2. Miscellaneous Essays t. I, p. 378.
  3. Ibid., t. I, p. 380.