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dans le centre de l’Inde, et a pénétré de proche en proche jusqu’à l’île de Ceylan. Ses conquêtes ne se sont pas bornées au vaste pays qui l’avait vu naître ; il en a dépassé les limites, et il s’est étendu au nord et à l’est sur des contrées bien plus vastes encore. Puis, après avoir duré dans l’Inde plus de douze cents ans, il en a été tout à coup expulsé par une persécution violente qui l’a exterminé. Mais il s’est réfugié chez les peuples voisins où son empire n’a fait que s’accroître ; et aujourd’hui il règne sans partage au Népâl, au Kachemire, au Tibet, et dans la Mongolie, au nord ; dans l’île de Ceylan, au sud ; à l’est, chez tous les peuples transgangétiques, au Tchampa, au Birman, au royaume d’Ava, à Siam, dans la Cochinchine ; et à l’extrémité de l’Asie, la Chine presque entière et le Japon ne connaissent guère que lui pour religion.

Je ne veux pas suivre le Bouddhisme dans son histoire ; car c’est là un sujet qui ne pourra être traité avec quelques chances d’exactitude et de succès qu’après bien des travaux de détail ; je veux seulement montrer les origines de ce grand mouvement qui a dominé presque toute l’Asie. Je les trouve dans les Soûtras ou livres canoniques qui passent pour renfermer la doctrine du réformateur recueillie de sa bouche. Ils ont été écrits primitivement en sanscrit et en pâli ; et c’est de ces deux langues qu’ils ont été traduits à diverses époques en Chinois, en Tibétain, en Mongol, en Birman, etc.

Notre langue possède déjà deux de ces livres, l’un le Lalitavistara publié d’après la traduction tibétaine et revu sur l’original sanscrit par M. Ph. Ed. Foucaux ; l’autre, le Lotus de la bonne loi, par M. Eug. Burnouf, enlevé si prématurément à la science, pour laquelle il a tant fait, quoique sa carrière ait été bien incomplète. Il y a près de dix ans que déjà je me suis occupé du Bouddhisme, à