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demande en toute sincérité, car après cinq ans de vie commune, excepté Musset, Mozart, Gœthe et moi, je ne vous ai rien vu préférer…

Depuis notre séparation, ma vie a bien changé, Ryno : je compte avec mes fermiers, je note mes dépenses, j’établis autour de moi une sorte de règle dont vous avez horreur, et cet ordre précieux que vous appeliez si injustement une vertu vulgaire. Mon esprit a peut-être perdu au contact de ces petits détails matériels, mais ma santé est meilleure et j’ai maintenant sur les joues les fraîches couleurs de ma jeunesse envolée. Une paix charmante a remplacé les troubles et les agitations, fruits de mon oisiveté. À peine ai-je posé ma tête sur l’oreiller que je m’endors, Ryno, et le soleil n’est pas plus matinal que je ne le suis moi-