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198 L’AUTRE MONDE

du Mississipi ; non. C’est une justice à rendre d’ailleurs aux Américains ; ils vont et viennent dans leur pa s, à travers les splendeurs, les magnificences et les prodiges de la création, sans paraître seulement s’apercevoir qu’il-* y a dans le ciel plus d’azur et de lumière, dans l’horizon :’ plus d’étendue, dans les cataractes plus d’écume, sur les montagnes plus de neige, dans les forêts plus de mystère../ : Toutes ces sensations, qui, chez nous, sont le signal de rêveries prolongées, d’aspirations ardentes, d’extases indicibles, leur sont complètement inconnues. L’Américain voyage pour obéir, ai-je dit, à un besoin inné de locomotion et de calcul. La préoccupation du mieux dans le positif le poursuit et l’absorbe constamment. Il part souvent, sans dessein arrêté, pour se faire de nouvelles connaissances ; pour apprendre, de voyageurs comme lui, les habitudes commerciales et le genre d’affaires qu’il ignore ; pour voir de ses propres yeux les terres qui pourraient être avantageuses à ses projets d’agronomie ; pour connaître quelles idées prédominent dans telle ou telle partie de l’Union, et en déduire le motif d’uae spéculation nouvelle.

Si je croyais aux États-Unis comme nation, je dirais que leur peuple est un peuple étonnant, qui fera faire au monde, rien que par sa fiévreuse activité et sa cupide énergie, un pas définitif vers le progrès absolu. C’est aux Américains sûrement que revient d’avance l’honneur de toutes les inventions utiles de l’avenir. D’autres peuples seront les poètes, les législateurs, les prêtres de la civilisation prochaine ; eux en seront les pionniers. C’est en 1 lance, en Italie ou en Allemagne, que s’écrira la grande