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Figurez-vous une large et fertile vallée traversée de toute sa longueur par une jolie rivière aux eaux profondes et limpides ; de chaque côté, une végétation luxuriante, une nature tendre, mouvementée, des points de vue pittoresques, et vous avez à peine une idée du beau pays de Beauce.

Cette vallée est divisée en quatre grands villages : Sainte-Marie, Saint-Joseph, Saint-Georges et Saint-François.

Sainte-Marie est la patrie de Son Éminence le cardinal Taschereau. Le manoir où il est né subsiste toujours, et l’on y voit un très intéressant musée de souvenirs historiques et d’antiquailles, dons faits aux ancêtres de la génération actuelle de la famille, par les anciens gouverneurs du pays et la noblesse française.

La rivière qui traverse ces villages s’appelle La Chaudière et est un affluent de notre Saint-Laurent. C’est plutôt un pays de Cocagne traversé par le Pactole, puisque tous vous avez entendu parler des fameuses mines d’or de la Beauce.

C’est à Saint-François surtout que l’exploitation se fait sur une large échelle, mais vous comprenez que la fièvre a gagné les autres paroisses avoisinantes qui ne voient pas pourquoi elles auraient été déshéritées dans le partage, et se sont imaginées de posséder, elles aussi, des sables aurifères.

À Sainte-Marie, un mien ami me montrait avec mélancolie un emplacement où il avait cru trouver des filons d’or d’une grande richesse. Hélas ! il en fut pour ses peines et son argent ; ce qu’il avait pris pour une veine n’était qu’une déveine.

Les bords de la rivière Chaudière ne sont pas toujours uniformes : si parfois elle coule entre des prairies riantes et belles, par endroits, ses eaux ont à se frayer un cours entre deux collines.