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Les touristes se renforcent dans ces occasions de la belle jeunesse du village, et, faut voir avec quelle ardeur joyeuse et quel entrain on conduit le bal.

Les dames et les jeunes filles font un brin de toilette, et ces fraîches robes blanches, ou bleues, ou roses, dont les reflets chatoyants se marient si harmonieusement aux reflets des lumières, sont d’un effet délicieux. Et de ces draperies vaporeuses se dégagent des fragrances qui flottent mollement dans l’atmosphère attiédie.

Aussi, il n’est pas étonnant de voir les cavaliers si empressés et attentifs autour de si attrayantes partenaires.

Le jour, l’hôtel est presque silencieux. Le matin, d’assez bonne heure, la gent masculine s’embarque pour la ville et les veuves d’occasion se consolent de leur absence comme elles le peuvent.

Les dames commencent d’interminables parties de whist ou se rassemblent sous la spacieuse véranda et disent, — comme c’est toujours l’usage d’ailleurs dans des réunions de ce genre, — toutes sortes de bonnes choses sur le compte du prochain.

Les jeunes filles vont rêver sous les grands arbres, babiller un peu, lire quelques pages de roman ou quelques bouts rythmiques d’un poëte favori.

Qui n’a son poëte favori ! Pas toujours couronné par l’Académie, par exemple, mais qu’importe ! souvent il nous parle plus et mieux au cœur que ne vous diraient les quarante immortels mis ensemble.

Je n’aurais garde d’oublier parmi les amusements le plus en vogue, le jeu de billard et le « Bowling Alley » : c’est le rendez-vous par excellence, et, au bruit des billes qui roulent et s’entrechoquent, se mêlent des éclats de voix et des francs rires qui s’échappent comme des fusées par les fenêtres ouvertes.

Les soirs, ah ! les soirs, parlons-en, ils sont délicieux.