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méandres sinueux forment mille détours, creusent mille enfoncements. Cette rivière semble, pour me servir de l’expression de Balzac, « aimer tellement le pays, qu’elle se divise en mille branches, et fait une infinité d’îlots et de tours afin de s’y amuser davantage. »

En effet, au milieu de ces eaux si limpides, sont jetées, comme échappées des mains trop pleines de la nature, de jolies petites îles, formant des corbeilles de verdure pour embellir davantage un panorama déjà si radieux.

C’est beau Vaudreuil, beau comme un rêve, « un vrai coin du paradis oublié sur la terre, » et je m’étonne de ne pas en entendre parler plus souvent.

Je ne me charge pas de réparer les lacunes ou les injustices qu’on aurait pu commettre à son sujet, j’en fais simplement un article de chronique, — puisque chronique il y aurait quand même — et pourquoi pas ce thème-là puisqu’il est agréable ?

L’hôtel de Vaudreuil est admirablement situé. La maison elle-même, spacieuse, bien aérée, offre de tous ses côtés, des points de vue admirables.

Les alentours sont bien entretenus, partout l’herbe y est verte, soyeuse, et les beaux et grands arbres abritent sous leur toit touffu plus d’un groupe joyeux.

Tout près se trouve un charmant îlot, qu’on dirait jeté là tout exprès, et sur lequel on a construit un kiosque rustique. Il doit faire bon de pouvoir y jouir longuement de toutes les beautés qu’offre ce pittoresque paysage. Un petit pont relie entre elles les deux rives.

Deux fois la semaine, un orchestre vient à l’hôtel y faire entendre de la bonne musique. Rien de plus séduisant que de voir, au prélude des instruments, surgir des pelouses ombreuses, ces couples animés qui s’en vont, tournoyant gracieusement, sur le parquet ciré du grand salon.