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fantasmagoriques. Au milieu, s’agitaient de grands fantômes, tout de blanc habillés, armés de longues spatules, versant un liquide fumant dans des tasses qu’on distribuait ensuite aux spectateurs.

Entrevu à cette heure avancée de la nuit, cela me fit l’effet d’une apparition fantastique.

J’appris que ce n’était qu’un café sur roues où se distribuait du thé, du moka et du chocolat, des gaufres et autres pâtisseries de confection française plus ou moins douteuse, je pense.

J’aurais désiré examiner de plus près ces industriels, mais il ne sont, je crois, que des oiseaux nocturnes. Je les ai entrevus hier, après souper, comme ils longeaient une ruelle, filant grand train, avec un bruit de ferraille comme celui qui proviendrait de chaudières vides qui s’entre choquent. Puis, ils disparurent, telle une vision.


Lundi, 1er août.

— Vaudreuil ! Vaudreuil !

Dit le conducteur par la portière ouverte.

Arrachée brusquement à une demi-somnolence, je ramassai à la hâte mon ombrelle et m’élançai sur la plate-forme du char comme le train entrait en gare.

Oui, c’était bien Vaudreuil, Vaudreuil tant vanté que je voyais enfin pour la première fois.

Vous imagineriez difficilement de plus joli endroit. Tout plein de verdure, de fleurs, d’ombrage et d’horizons charmants.

De ravissants cottages, blancs aux vertes persiennes, fantaisistes d’architecture et de couleurs, piqués ici et là, irrégulièrement à travers les champs, complètent le paysage.

Une belle nappe d’eau s’étend à perte de vue : ses