Page:Barry - Chroniques du lundi, 1900.djvu/79

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ces petites boutiques ambulantes se propagent très rapidement et on en trouve maintenant dans tous les coins de la ville. Grâce à leur mode de construction, on peut les transporter aisément d’une rue à l’autre, choisissant les endroits les plus achalandés, les abords d’un square, la salle d’exercices, les coins de la rue St-Laurent, et à l’issue de la grand’messe, le dimanche, le voisinage de Notre-Dame.

Dans ces étalages, il y a des bananes d’abord, oh ! oui, des bananes toujours, puis, ces pains énormes, de couleurs assorties, dont on semble faire un débit extraordinaire.

Un de ces marchands (?) m’intéresse particulièrement : c’est celui qui se tient près des bureaux de la poste. Il est moins nomade que les autres celui-là, probablement parce que la place est plus avantageuse et plus lucrative.

Intérieurement, j’ai noté les évolutions qu’il a fait subir à ses massepains parce que c’est lui qui semble donner le ton à tous les autres. D’abord, — du moins quand je les vis pour la première fois, il y a quelque six mois, — ils étaient tous blancs, avec de grosses amandes qu’on entrevoyait par ci, par là, dans l’épaisseur du sucre. Puis sans changer de forme, ils se composèrent de trois couches superposées de couleur différente : la première blanche, la seconde rose et la troisième, chocolat foncé.

Cela faisait un joli effet, je vous l’assure, et rien qu’à l’écrire, ça me fait venir l’eau à la bouche.

Après avoir épuisé le caprice des gens, je suppose, la masse multicolore fit place à la couleur café et aujourd’hui, à côté des pains rose, blanc et café, s’étale le gâteau jaune, décoré pompeusement du nom de « Lemon cream. »

Méthodiquement, et avec un artistisme qui ferait