Page:Barry - Chroniques du lundi, 1900.djvu/61

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mince filet d’eau, elle trace lentement son sillon, mais le creuset n’en est pas moins profond et la peine, plus tardive parce qu’elle est continue, n’est que plus vive. »

Plus tardive parce qu’elle est plus continue ! J’avoue franchement que cela est tellement profond que je m’y perds. Ce n’est pas souvent qu’une femme reconnaît son ignorance, et, espérons que mon humilité, pour être plus tardive, n’en sera que plus continue.

« Quelle nuit terrible et quel sinistre réveil ! Deux du même coup : monsieur et madame X… Sortons-nous d’un rêve pénible et fatiguant ! Étions-nous encore sous le poids des terribles hallucinations d’une mauvaise nuit ? Hélas ! non

« Vite, nous nous rappelons qu’à peine quatre jours auparavant, l’une des enfants de la regrettée défunte faisait bénir son union matrimoniale dans l’église de B…, et encore pour cette raison la surprise et la douleur furent générales. »

Attrapez, en passant, monsieur le marié.

« … il y a quelques chose de lugubre dans tout cela… »

Tant il est vrai de dire que le mariage rappelle l’idée de la mort puisqu’il est le tombeau de l’amour.

Viennent ensuite de longs et prolixes détails, qui ont bien aussi leur mérite, croyez-moi, et que je passe à regret. Seulement, je noterai encore :

« Nos remerciements à nos concitoyens qui ont rarement mieux fait les choses. »

Ce « rarement » a beau dorer la pilule, le fait reste toujours là : les choses ont déjà été mieux faites, et ça m’agacerait, moi, si c’était mon affaire.

Dans une autre nécrologie, je lis la terminaison suivante :

« La procession se dirigea vers le cimetière où reposera désormais le sujet de notre article. »