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Ici, je saute une demi-colonne, bien qu’elle contienne encore beaucoup d’ineffabilités, pour en arriver aux funérailles, « où, de chaque côte, s’étendant au loin, en arrière, était une double haie formée par les élèves, silencieux, recueillis et marchant dans un ordre si parfait qu’on les eut dit exercés longtemps d’avance pour de semblables cérémonies. »

Pourquoi pas ? qui sait si un exercice de ce genre de temps en temps, comme qui dirait aux heures de récréation, par exemple, ne préviendrait pas les désordres que l’on semble craindre ?

« Sur le bord de la fosse, un dernier salut, une ardente prière, un dernier adieu muet, douloureux, puis les élèves reprirent le chemin du collège, il était onze heures quand ils y arrivèrent. »

C’était bien commencé, bien touchant : la phrase planait, quand… un grand coup de vent lui cassa les deux ailes.

Ce « il était onze heures » sent le dîner d’une lieue, et tout le monde sait que le fumet d’un hachis de collège ne favorise guère l’inspiration.

« Le petit défunt laisse deux sœurs, dont l’une est à la fin de son cours : elle gradue cette année, et l’autre est déjà avancée. »

Ce paragraphe d’un style douteux termine l’oraison funèbre du « petit défunt. » Que cette prose lui soit légère !

En avez-vous assez ? Ce serait dommage, car je voudrais encore citer quelques extraits d’un article obituaire sur la mort de madame X…, une bien digne femme, que je respecte et vénère, et qui avait certainement mérité que l’on déplore sa perte en de meilleurs termes.

« La douleur est bien l’apanage de l’humanité, débute pompeusement l’écrivain. Souvent, comme le