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les cloches de la cathédrale Saint-Paul ont sonné le glas funèbre, c’était surtout à cause de cette idylle si brusquement interrompue par la mort.

Le prince était relativement peu connu. D’un naturel timide, de constitution physique délicate, il vivait assez retiré, et ne s’était encore signalé par aucun acte marquant. Les journaux ne nous disaient que peu de chose sur son compte, jusqu’au jour où ils nous apprirent, tout à coup, qu’il aimait et qu’il était aimé. La reine Victoria, se souvenant sans doute, de son premier et unique amour, avait enfin donné son consentement et autorisé les fiançailles des deux amoureux.

Songez donc ! depuis des années déjà, ils s’aimaient en silence, sans cesse éloignés l’un de l’autre par la volonté royale. Malheureux incontestablement, désespérant presque de pouvoir jamais fléchir la rigide Impératrice, ils ne pouvaient qu’exciter le plus vif intérêt. Puis, la sanction étant accordée, le jour des épousailles fixé, les félicitations imprimées, de tous les côtés du royaume, depuis le plus haut dignitaire jusqu’à la plus humble ouvrière, tous offrirent l’or, les bijoux, les étoffes aux fins tissus à la plus heureuse des filles de l’Angleterre.

La princesse Marie était généralement estimée, les pauvres avaient appris à bénir son nom, et le peuple vénérait cette future reine qu’il avait vu grandir, et qu’on lui présentait comme devant être un jour sa souveraine.

On peut même dire que le respect autant que la popularité dont jouissait Marie Victoria de Teck avaient rejailli sur son royal fiancé, et, lui valaient des témoignages publics pour lui jusqu’à ce moment inconnus.

Aussi, quand le malheur vint s’abattre en la somptueuse résidence du prince, quand la mort vint ravir à une tendre mère son premier-né, à une fiancée l’amour