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consulte que la sienne propre. Et si on raccorde les genres divers, les physionomies variées avec le bon sens, on arrive à une harmonie qui agrée, semblant provenir tout entière d’une nature unique et vraie.

En un mot, qu’en use du cœur des autres, si on le veut, mais qu’on écrive avec sa tête. On y verra, je le crois, beaucoup plus clair.

Écrire, écrire, c’est bien beau, sans doute, mais ce n’est pas toujours facile !

Même tout en étant a labor of love, il arrive, parfois, que la tâche semble rude et ne peut s’accomplir qu’avec grande peine.

Surtout quand cette tâche s’impose, qu’elle a des heures, des jours assignés, les difficultés s’en accroissent et se multiplient. Le cerveau est un rebelle qui ne souffre pas qu’on le commande, et qui n’obéit qu’en rechignant.

Et ce n’est plus alors, le divin efflatus qui guide et qui enflamme aux heures d’inspiration. Les mots se traînent péniblement, les uns s’accrochent aux autres et servent à peine à cacher le désert d’idées qu’ils recouvrent.

Pourtant, il faut que le travail s’accomplisse quand même : vous le terminez enfin, mais au prix de quels pénibles efforts et pour quels misérables résultats !

La plaie de la chronique, — beaucoup d’autres plus compétents l’ont remarqué avant moi, — c’est la rareté des sujets à traiter. Et pour quelques personnes, les difficultés se compliquent encore. On permet au chroniqueur à barbe de traiter à peu près tous, les sujets, mais il est des sentiers où, nous, femmes, ne pouvons nous aventurer à moins de relever le bas de nos jupes afin de ne les pas traîner dans la boue, et c’est ce que plusieurs n’aiment pas à faire. Qui oserait les blâmer ? Les exagérations ne valent lien ; il y a lieu pourtant