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le cri de tous, et que je suis aujourd’hui l’interprète de la grande majorité :

Redonnez-nous nos antiques messes de Noël !

*

En certaines églises, on serait tenté de croire, si l’on en juge par les prix exorbitants, demandés pour les sièges, que la messe de minuit est une spéculation.

C’est le même prix qu’au théâtre, et la comparaison ne s’arrête pas là, puisque j’ai vu des hommes se rendre à l’église en cette occasion, vêtus de leur habit de gala.

Eh ! quoi, tout cela pour honorer celui qui eut pour abri une étable, pour édredon, un peu de paille ? Ah ! que le contraste fait réfléchir.

Oui, c’est pour ce même Dieu qui n’eut jamais une pierre pour reposer sa tête, lui qui est venu surtout pour es pauvres, qu’il faut payer à prix d’argent le privilège de venir l’adorer dans sa crèche ? Étrange paradoxe !

Aussi, les déshérités des biens de ce monde se trouvent-ils bannis de ces lieux.

Dans ces nefs resplendissantes de richesse et d’élégance, l’humble blouse du savetier ferait tache. Et le charpentier Joseph frapperait en vain à la porte :

« Ils n’ont plus de place, » pourrait-il répéter comme autrefois, il y a deux mille ans, en une pareille nuit…

Il y a de nobles exceptions.

À la cathédrale, notamment, le prix très modique des places ne varie en aucune occasion. C’est toujours dix sous pour le meilleur siège, en quelque endroit que vous le choisissiez.

Et pourtant, sur cette coupole de la grande cathédrale, une dette de deux cent mille dollars demanderait à être amoindrie…

Mais on a raison, la maison de Dieu ne doit être qu’un lieu de prière, où le pauvre et le riche puissent également se présenter devant Lui.