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de foi de son enfance ; à ce temps béni où il était si heureux de croire, et ce retour fera plus pour son âme que tout le reste.

Qu’est-ce que ces magistrales interprétations de classique musique, données cette année dans la plupart des églises, qu’est-ce que tous ces flonflons d’orchestre ont dit à l’homme du monde, allé à la messe de minuit pour oublier ses affaires et retremper son âme en retrouvant les émotions d’autrefois ?

Ils l’ont laissé indifférent, ennuyé, éprouvant un vague désappointement de ne pas ressentir les sensations qu’il espérait.

Qu’ont-ils dit à celui qui ne croit plus ? D’autres chants auraient peut-être, en évoquant les souvenirs de son enfance, éveillé des regrets, excité des remords, mais ses oreilles seules ont été amusées et son cœur est demeuré insensible.

Qu’ont-ils dit à la mondaine ? Ils ne l’ont pas distraite, croyez-moi, une seule fois de sa toilette.

Et qu’ont-ils dit au pauvre ? Ils ne lui ont certes pas fait oublier sa pénible condition ; ils ne lui ont pas parlé de Jésus dans sa crèche, de Dieu fait homme, humble et misérable comme lui, pour l’encourager et lui enseigner l’exemple de la souffrance.

Ah ! gardez donc vos superbes orchestrations, vos chants savants pour les autres fêtes, et donnez-nous une fois, une seule fois par année, nos chères pastorales, si poétiques et si mélodieuses, qui vont au cœur et le fondent si délicieusement.

Oh ! les douces et salutaires impressions d’une messe de minuit comme celle-la ! les bonnes larmes qu’elles mettent aux yeux, et les ferventes prières que murmurent les lèvres !

Comprendra-t-on jamais tout le bien moral qui résulte de ces solennités ?

Je le dis parce que je le sais, je le dis parce que c’est