Page:Barry - Chroniques du lundi, 1900.djvu/327

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mais elle n’avait pas plus tôt disparu que M. X. sortait d’un autre ascenseur.

— Votre femme est remontée, lui dit quelqu’un.

Le mari marmotta un juron et partit pour s’en aller. À la porte, il hésita, changea d’avis et prit l’ascenseur qui montait.

Sa femme descendait au même moment.

Quand on l’eut informée que son mari venait de remonter, elle partit pour l’aller retrouver.

Hélas ! il redescendait pour la cinquième fois.

— Je veux que le diable m’emporte si je remonte encore une fois, dit-il exaspéré, je vais l’attendre ici, et il s’assit sur les marches de l’escalier. Une demi-heure plus tard, il était encore là tandis que sa femme, également animée de la même intention, l’attendait en haut dans son bureau.

— J’espère qu’ils se rencontreront dans le ciel, me dit l’ami facétieux qui m’a raconté ce trait.


Lundi, 30 décembre.

Hélas ! les vieux noëls, les naïfs cantiques — ces émouvantes et chères traditions du passé, — s’en vont donc eux aussi !

On ne les retrouve plus que dans les récits et les contes, et c’est en vain que le cœur, ému par ces réminiscences, demande aux échos de lui répéter les chants simples et beaux, rien ne se fait entendre…

On crie de tous côtés que la foi s’en va, qu’elle n’est pas aussi vivace, aussi ardente qu’aux anciens jours. Eh ! mon Dieu ! que fait-on pour l’activer ? pour ranimer l’étincelle qui luit encore au milieu des cendres refroidies ?

Il faut quelque chose qui frappe droit au but, un moyen infaillible et sûr qui aille au cœur, et ce moyen, ce n’est pas tant d’éblouir l’esprit comme de toucher l’âme.

Il faut ramener l’impie ou l’indifférent aux jours pleins