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même poète, moraliste et historien, — dit, à ce sujet, que la belle Novelle se voilait en ces circonstances, « afin que sa beauté n’empeschât pas la pensée des coutans. »

Hélène Cornaro, qui fut la gloire de l’université de Padoue, était à la fois philologue, poète et littérateur, parlait l’espagnol, le français, le latin, le grec, l’hébreu, l’arabe, discutait sur la théologie, l’astronomie, les mathématiques, et conquit solennellement le doctorat en philosophie dans la cathédrale de Padoue.

Ces universités, ayant apprécié toute l’excellence intellectuelle de la femme, ont continué les bonnes traditions, en accordant des chaires à d’autres femmes, qui font actuellement, à juste titre, la gloire et l’honneur de notre sexe.

Même avant la fondation des universités, on peut lire, en feuilletant notre histoire, qu’au moyen-âge, les monastères d’Angleterre, d’Irlande et de France étaient des pépinières de femmes érudites.

Les abbesses y figurent spécialement. Ce sont Bertile, Ste-Gertrude, Lioba, Roswintha, Hilda, qui assistaient aux délibérations des évêques en synode.

Je ne sais ce que Nos Seigneurs les évêques auraient répondu à une députation féminine demandant à assister au concile qui s’est tenu dernièrement à Montréal !

Il aurait été plus difficile encore à nos abbesses de présenter leur requête dans la langue d’Homère et de Virgile, comme le faisaient, au temps jadis, leurs illustres prédécesseurs.

Quand reverrons-nous des femmes de ce savoir et de cette science ? On serait presque tenté de croire, par la comparaison entre ces siècles et le nôtre, que nous avons rétrogradé dans la civilisation.

Il est vrai d’ajouter que les encouragements ont toujours fait défaut. La plupart des hommes, poètes, littérateurs et écrivains, ont épuisé leur verve en satires, plaisanteries ou critiques contre les femmes qui veulent sortir de l’ornière de l’ignorance qu’on leur assigne pour tout lot.