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Il semble presque superflu de parler du développement extraordinaire que l’instruction des femmes a prise, depuis quelques années, aux États-Unis, et, — détail encourageant à noter, — dans toutes les écoles publiques où les deux sexes font la lutte pour la prépondérance intellectuelle, ce sont les femmes qui remportent la victoire : elles sont les premières à la classe et dans les concours.

Cela ne doit donc plus nous étonner que quelques hommes soient si hostiles au système d’instruction supérieure, que nous réclamons comme notre droit.

À Montréal, l’université McGill offre ces avantages aux deux sexes qui la fréquentent.

Quand l’université Laval en fera-t-elle autant ? Nous pouvons invoquer, comme précédent, l’université catholique de Washington, qui vient d’admettre des femmes au nombre de ses étudiants.

Un professeur de Laval me racontait dernièrement combien la modestie et la dignité des jeunes filles du McGill l’avaient charmé et, cependant, dans la même entrevue, il m’annonçait qu’il venait de refuser une jeune fille qui sollicitait la faveur de suivre quelques cours à son université.

Oui, la logique des hommes, parlons-en ! Elle est jolie parfois.

Patience, pourtant, cela viendra. Je rêve mieux encore ; je rêve, tout bas, que les générations futures voient un jour, dans ce vingtième siècle qu’on a déjà nommé « le siècle de la femme, » qu’elles voient, dis-je, des chaires universitaires occupées par des femmes.

Et ce ne serait pas la première fois d’ailleurs.

Les universités de Bologne et de Padoue ont compté et comptent encore plusieurs femmes parmi leurs docteurs.

C’est ainsi qu’on a vu à Bologne la fille du célèbre canoniste, Jehan Audry, remplaçant, au besoin, son père dans la chaire de théologie. Christine de Pisan, — elle-