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terre : morceaux de poterie, éclats d’obus, boutons de capotes à moitié rongés par la rouille, clefs et mille autres reliques d’un intérêt particulier.

On a même trouvé des pièces d’or et d’argent, en grande quantité, et il n’y a nul doute que beaucoup de richesses restent encore enfouies dans le sol, car les Français, en quittant Louisbourg, conservaient l’espoir d’y revenir, quand le sort de la guerre leur serait plus favorable.

Chez le beau-frère de notre guide, on voit un vieux bahut normand, parfaitement conservé, avec ses tablettes, ses tiroirs et ses lourdes pentures ; un collectionneur payerait cher une pareille antiquaille.

La cloche de l’église de Louisbourg fut transportée à Halifax avec une grande partie du butin. Elle y dormit plusieurs années, puis on s’en servit, elle, la cloche sainte qui avait carillonné les Te Deum glorieux et tinté les malheurs de la patrie, pour appeler ses vainqueurs aux froides homélies d’un ministre protestant.

Aujourd’hui, elle est mise en vente comme une vulgaire chose. Qui donc la ramènera parmi les siens ?

Pauvre Louisbourg ! je lui ai dit adieu, le cœur plein de tristesse, alors que le soleil, descendant à l’horizon, illuminait la vieille ville de ses derniers rayons, et le souvenir que j’en conserve sera de ceux que le temps et les années ne pourront effacer.


Lundi, 14 octobre.

— Quand verrons-nous, me faisait remarquer, l’autre jour, une jeune femme, en passant devant ce superbe édifice qui s’appelle l’Université, quand verrons-nous les canadiennes admises à y suivre les cours destinés à accroître leur instruction et à leur donner la place qui leur revient dans la société ?

Il y a un demi-siècle, on aurait considéré cette proposition comme tout à fait insensée ; aujourd’hui, en jetant