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les fruits, tels que framboises, bluets et autres baies sauvages qu’elles cueillent dans les bois.

Moquez-vous de moi, si vous le voulez, mais je dois confesser que ce sont des types qui m’ont bien intéressée, surtout les jeunes filles, qui, dans une conversation animée, revêtent une physionomie remarquablement intelligente.

J’avais déjà entendu dire, sans trop y croire, que la coquetterie n’avait plus de secrets pour mesdames de la gente noire ; un jour que je passais à travers leur village, j’aperçus, sur le pas d’une porte, une jeune fille de 18 ou 20 ans qui causait avec un Andalou bon teint ; je pus constater qu’en effet, pour les œillades provoquantes, les sourires moqueurs, les poses de la tête, leurs sœurs blanches n’avaient rien à leur apprendre.

Les négresses ont une démarche très gracieuse. C’est l’habitude de porter de lourds fardeaux sur la tête qui donne à toute leur personne cette élégance d’attitude qu’on ne peut s’empêcher de remarquer.

Il faut les admirer portant sur la tête, par une merveille d’équilibre, d’énormes paniers de linge ou de légumes, les bras retombant sans embarras le long de leur taille, les épaules droites et bien effacées, avec cette légère et gracieuse ondulation imprimée à leurs jupons par le mouvement des hanches, qui communique à toute leur personne un charme réel.

Les Indiens, eux, vendent des objets de leur confection, faits avec l’écorce des arbres, la peau des animaux ou de la verroterie.

Les vieilles squaws, stoïques et imperturbables, fument leurs bouts de pipes en regardant les passants, à travers leurs yeux à demi-fermés. Les petits papous offrent aux acheteurs les beaux lis d’eau à longues tiges filamenteuses, qui abondent dans les nombreux lacs de la Nouvelle-Écosse.

Voilà pour le marché d’Halifax. Joignez à cela les attelages de bœufs, qui, déchargés des marchandises