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Plusieurs musées anglais, le musée de Boston entre autres, brillent du désir de se l’approprier.

— Je vous en prie, dis-je au propriétaire, retardez-en la vente quelques semaines ; on ne sait pas chez nous, que vous possédez une relique comme celle-ci, et peut-être, quand on l’aura appris, voudra-t-on la racheter.

Il me l’a promis.

N’y aura-t-il pas cent patriotes français dans la ville de Montréal, cent hommes de cœur, qui, se rappelant l’ancienne mère-patrie et tous les liens qui nous unissent encore à elle, voudront arracher de mains étrangères ce trophée glorieux qui a carillonné les gloires d’une des plus belles possessions de la France, et tinté le glas funèbre de ses défaites ?

Pauvre cloche de Louisbourg ! bien des fois, durant mon séjour à Halifax, je suis allée la voir et, en la quittant pour la dernière fois, je me suis fait la promesse de vous raconter son histoire, pour que, l’ayant entendue, vous n’y soyez point insensibles.

Après la citadelle, les jardins publics commandent notre attention. Ils sont, dit-on, les plus jolis du Dominion, et je le crois sans peine, car je n’ai rien trouvé de plus idéalement beau.

Ils sont entourés de hautes palissades qui les dérobent au monde extérieur. Mais si vous poussez une des portes pour avoir un aperçu de ce paradis terrestre, vos regards resteront éblouis.

Bosquets, vertes pelouses, taillis artistement aménagés, îles artificielles, chalets, fleurs superbes et rares, bancs champêtres, où les amoureux se disent de si douces choses le long des allées ombreuses, ponts rustiques, étangs limpides, où les beaux cygnes blancs battent l’eau « qui roule en perles sur leur aile, » rien n’y manque pour en faire un endroit féerique.

Je pourrais en causer jusqu’à demain, car j’ai rêvé là, seule, loin de tout bruit, de bien beaux rêves, dont la réminiscence me procure encore un véritable plaisir.