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teur de la beauté ne laisse pas que de surprendre. Il ne faudrait pas mettre à l’épreuve ces prétendus philosophes ; car l’on verrait que toutes ces sages théories cèdent bientôt devant l’irrésistible attrait d’un joli visage.

Cette recherche de la beauté est tellement naturelle à l’homme, que, pour aimer une femme qui n’a pas reçu ce don, il éprouve comme le besoin de l’embellir d’abord dans son imagination. Ce sera même la mesure de son amour, puisque plus il l’aime, plus elle lui semble agréable aux yeux.

Cela ne doit pas étonner, car ce penchant a été mis en nous avec set amour du grand et du beau, qui marque la noblesse de notre origine.

Seulement, comme la femme est moins matérielle, elle ne fait pas passer cette admiration de la beauté physique avant toutes les autres considérations, et préfère, chez l’homme, le mérite intellectuel et moral à ses avantages extérieurs.

Celui-ci ne nous rend pas la politesse, et pour les femmes, la laideur, c’est comme la pauvreté : ce n’est pas un vice, mais une grande incommodité.

Un cynique, dont j’ai recueilli l’opinion, va plus loin encore et dit : « Un joli visage aide une femme partout : dans les affaires, devant les cours de justice, dans la société et au mariage. »

Et je suis persuadée qu’il a raison.

— Je préfère de beaucoup une femme qui puisse causer, qui ait quelques idées dans la tête, à ces jolies coquettes qui ne savent que poser et s’admirer, vous dira votre partenaire dans le cours d’une soirée.

Le pauvre homme ! il sent combien il serait absurde de vous complimenter sur des avantages extérieurs que vous ne possédez point, et il croit vous faire plaisir, en faisant allusion délicatement, bien qu’il n’en croie rien lui-même, à ces mystérieuses facultés intellectuelles dont il vous dit douée.

Il ne se doute pas qu’il vient de vous signifier, de la