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To one thing constant, never, a dit Shakespeare, et il devait s’y entendre.

Une jeune femme, qui ne comptait que peu d’années de mariage, et une jeune fille de vingt ans à peine, à qui la vie n’avait rien ôté de ses illusions, protestèrent de toutes leurs forces contre ce verdict porté sur les hommes.

Ceux-ci avaient en elles deux chaleureux défenseurs, mais la cause était perdue, je le sentais bien, et la majorité des convives, qui avait certainement plus de compétence en la matière, se rangea complètement à l’opinion émise par la plus ancienne.

Cette petite controverse fut peut-être une des parties les plus intéressantes du repas ; elle touchait, au vif trop de blessures, elle s’adaptait à trop d’existences pour ne pas exciter un peu les têtes.

J’aurais voulu recueillir tous les bons mots auxquels ce sujet de conversation a donné lieu. Ce qu’il s’est dépensé d’esprit sur ce propos !

Je n’avais qu’à écouter, et mes oreilles recueillaient avec attention ce qui se disait, pour en faire religieusement mon profit.

Vous vous imaginez bien que, tandis que nous y étions, nous avons fait notre éloge comme il convient et que nous nous sommes rendu pleine justice.

Naturellement, il n’y eut, dans cette occasion, aucune voix dissidente. Nous avons toutes célébré nos vertus avec un ensemble touchant.

J’en excepte, toutefois, la jeune fille dont je vous parlais tout à l’heure, qui manifesta timidement quelques doutes quant à la supériorité de notre sexe sur l’autre ; mais nous n’avons rien épargné, je vous prie de le croire, pour dissiper ses craintes sur ce sujet.

S’il est des femmes qui méprisent leur sexe pour lui préférer l’autre, je ne suis point de celles-là. Ce n’est pas parce que l’on admet volontiers nos petits travers, nos légers ridicules, nos multiples imperfections même, — qui