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plein de printemps et de lumière, qui évoque les plus agréables pensées.

Ce matin, on a glissé entre ces plantes fraîches un vase en terre cuite, dans lequel se penche une grosse gerbe d’œillets et de roses. Leur couleur pâle forme un si étrange contraste avec le ton rougeâtre du vase, qu’ils paraissent mieux là que dans la plus élégante jardinière.

Oui est-elle, la fée gracieuse qui sait donner tant de charme à son humble maisonnette ? Est-elle brune ou blonde ? rieuse ou pensive ? petite ou grande ? laide ou jolie ? Je n’en sais rien et ne veux rien savoir, aimant mieux poursuivre mon rêve que de m’exposer à être déçue par la réalité…


Lundi, 17 décembre.

Je viens d’être le témoin involontaire d’une petite scène qui m’a inspiré les réflexions que je viens vous communiquer aujourd’hui.

Samedi, dans un magasin de cette ville, où je me trouvais par hasard, une jeune dame, à côté de moi, était occupée à faire des achats.

Elle n’était pas seule : son mari l’accompagnait.

Traîné là, sans doute, au prix de je ne sais quels efforts et quelles persuasions.

Aussi fallait-il voir l’air ennuyé, désolé, qu’il promenait de côté et d’autre, sur les rayons chargés de soyeuses étoffes, sur les rubans des vitrines, sur les plafonds d’où pendaient des nouveautés de toutes sortes, en quête d’un horizon plus familier.

De temps en temps, il ouvrait la bouche comme pour gémir :

— As-tu bientôt fini ?… Je suis pressé… On m’attend au bureau…