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son ample manteau de soie blanche, le camelaphion, me semblait un de ces vénérables patriarches qui présidaient autrefois aux délibérations des conciles ; on lisait dans toute sa personne un air de bonté, de cette bonté humble et simple qui attire tous les cœurs.

Sur une table, dressée près de la balustrade, un suisse de Notre-Dame, le plus pompeux et le plus majestueux de tous les suisses, avait posé un crucifix, un goupillon, deux cierges et un grand verre de vin ; puis, l’un des témoins y déposa à son tour deux couronnes de grosses roses blanches, entremêlées de larges feuilles d’or.

Je ne m’étonnai plus de l’air penaud du marié, quand je songeai qu’il aurait probablement à ceindre son front d’une de ces couronnes.

Les témoins, l’enfant de chœur, — un Syrien aussi — et le jeune couple, portaient chacun une chandelle allumée. Ces chandelles avaient été apportées par le témoin du marié, qui s’empressa d’aller réclamer sa propriété immédiatement après les dernières oraisons.

Longues furent les prières que les intéressés durent écouter debout. Après que Kalil Boulad et Nejmi Tanous eurent répondu affirmativement à la solennelle demande les unissant irrévocablement l’un à l’autre, on échangea les anneaux, car il y a deux anneaux dans le rite oriental, un d’or et un d’argent, et c’est la femme qui reçoit l’anneau d’argent, naturellement.

Il est de toutes les religions et de tous les pays que l’homme soit toujours le premier et le mieux servi…

Puis vint la cérémonie du couronnement ; le prêtre déposa les couronnes sur la tête des mariés, récita des prières, mit sur la tête de la jeune épouse la couronne de l’époux, et vice versa, le tout suivi d’une triple bénédiction et de multiples oraisons.

Je dois ajouter ici, en narratrice exacte et fidèle, qu’à cette partie de la cérémonie, il y eut parmi l’assistance,