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L’écorce blanche et lisse des bouleaux tranchait sur la rugueuse et sombre enveloppe des pins altiers : et sur le tapis de mousse, recouvrant leurs troncs, s’épanouissaient les riantes frondaisons sauvages.

Rien ne troublait cette profonde solitude, si ce n’est, de temps en temps, le bruissement d’ailes d’un oiseau effrayé qui s’enfuyait à notre passage.

Nous-mêmes, nous demeurions silencieux, nous sentant envahis d’un mystique recueillement, comme en un sanctuaire…

Ces évocations estivales prêtent un charme suprême aux beaux jours qui s’en vont. Elles réchauffent le cœur d’un tendre rayon, de même qu’au coucher du soleil on voit encore ses derniers feux illuminer le firmament, longtemps après que l’astre a disparu à nos yeux…


Lundi, 1er octobre.

L’histoire, — « cette leçon des peuples » nous offre parfois des scènes inoubliables, dont le récit émouvant excite en nous l’admiration la plus vive et rempli l’âme d’une tristesse profonde.

Je voudrais voir inscrit — dans ces pages destinées à la postérité — le touchant exemple d’oubli et de pardon des injures, dont nous avons tous été les témoins, il y a quelques jours à peine, et dont je n’ai pu lire les détails tans qu’une larme vînt mouiller le bord de ma paupière.

Oui, deux hommes, qui viennent ainsi sceller dans les bras l’un de l’autre pareille réconciliation, sont à la vérité deux grands hommes.

Je n’en voudrais que cette preuve, pour juger de la