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En haut des chutes, tout près d’elles, dans une clairière pratiquée parmi les arbres, on a construit des tables rustiques, abritées par de modestes toitures en planches, où les citadins en rupture de ban vont « manger le pain bénit de la gaieté. »

C’est un endroit de pique-nique par excellence, mais qui a pourtant une concurrence assez redoutable dans les chutes Desbiens.

Oh ! toutes petites, celles-ci, mais si gentilles à regarder, si pétillantes dans leurs murmures, qu’on dirait les éclats de rire des nymphes se baignant dans la limpidité de leurs eaux.

C’est un délicieux petit paysage, qui n’a rien d’imposant, rien de majestueux, et qui ravit comme une pastorale.

Les bergers des temps antiques s’y croiraient en Arcadie, et y conduiraient avec empressement les jolies bergères aux houlettes enrubannées.

Là encore sont des bancs, des tables, de frais abris et, partout où il y a de la place pour un coup de canif, sont taillés des initiales, des dates, des noms entrelacés.

Hélas ! de combien d’amitiés il ne reste que ces hiéroglyphes, qui seuls en gardent le souvenir !

Quand je songe que ces bois inanimés sont moins oublieux que nous, je me sens au cœur une grande pitié pour notre pauvre nature.

Tous ceux qui viennent à la Malbaie n’en sauraient partir avant d’aller visiter les Trous.

Le nom est peu poétique et, s’il répond à la topographie, il ne donne guère l’idée de la grandeur et de la beauté du site.

Nulle part n’ai-je vu des effets décoratifs aussi imposants.