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Ainsi, l’on parle déjà pour le vingtième siècle, de la femme-député, de la femme-académicienne, avocate, juge, etc., etc., tout excepté, je le crains bien, de la femme-femme.

Qu’il y a loin du temps où, au concile de Constance, l’on discutait la fameuse question :

— La femme a-t-elle une âme ?

Ah ! elles ont pris leur revanche depuis, assurément, et les vieux docteurs de l’Église seraient fort édifiés d’apprendre, en vérité, une théologie nouvelle sur la chûte de l’homme. Dans un congrès féminin tenu à Erfurt, au mois de novembre de l’an de grâce, mil huit cent quatre-vingt-onze, on a prouvé, de la manière la plus claire et la plus positive possible, que c’est à l’inconcevable faiblesse d’Adam que l’humanité doit d’être déchue de sa grandeur native.

Suivez bien ce raisonnement ;

« Adam était le pouvoir exécutif, Ève le pouvoir délibératif. Or, gouverner, c’est prévoir, suivant un axiome moderne. Adam n’a rien prévu. Il était indigne du pouvoir. Donc, le sceptre doit incontestablement passer à Eve. »

Qu’on dise maintenant que les femmes n’ont pas de logique !

Mais, revenons à notre sujet, et calculons nos forces par le monde entier.

En Angleterre, d’après le dernier recensement, le nombre des femmes et des filles, qui s’est accru de deux cent mille en dix ans, l’emporte de six cent mille sur celui des hommes et garçons.

En Allemagne, la Prusse compte un excédant de six cent mille femmes sur le nombre des hommes, et l’empire germanique, un million !

Dans la Suède et la Norvège, le sexe féminin a une majorité de deux cent cinquante mille.