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ses chefs, un de ses premiers devoirs fut alors d’aller passer auprès de son vieux père, dans l’humble village qui l’avait vu naître, entouré des modestes compagnons de son enfance, les premières belles heures de son triomphe.

Et découvrant, parmi la foule accourue autour de lui pour l’acclamer et le féliciter, le bon voisin, — tout blanchi et courbé aujourd’hui — qui l’avait conduit pour la première fois à la fête nationale, il lui dit en lui tendant la main :

— Eh ! bien, père, tous ces honneurs sont bien beaux sans doute, mais je n’ai pas encore donné du trèfle au petit mouton de la St Jean-Baptiste.

— Ne te décourage pas, mon fiston, répondit le vieux, d’un ton d’affectueuse sympathie, en lui serrant la main à la lui broyer, ça viendra, ça viendra…


Lundi, 2 juillet.

En venant reprendre mon travail ordinaire, un de ces jours passés, j’ai trouvé sur mon pupitre… un éventail.

Il était adressé à mon nom ; Françoise, rien de plus.

J’ignore quelle main me l’a destiné, et comment il m’est parvenu ; je ne veux pas même le savoir, mais j’ai dit un gros merci, tout bas, à l’âme sympathique et bonne qui me l’a fait parvenir.

Elle se sera dit, probablement, cette âme charitable : Oh ! la pauvre chroniqueuse qui nous écrit toujours, malgré cette insupportable chaleur et ce vent de feu passant sur la grande ville ! envoyons-lui de quoi la ranimer un peu, et rafraîchir son front brûlant…

Aussi je l’aime bien mon éventail, à tel point, que je suis jalouse, quand un autre que moi le prend dans sa main.