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Le fut-il ? il est permis d’en douter, mais chacun sait ce que vaut cette condition auprès de l’indulgence naturelle des parents, et, sage ou non, le voyage n’en fut pas moins décidé.

Avec quelle ardeur l’enfant ne désirait-il pas la venue de ce jour, où il allait, enfin, voir de près ces fêtes grandioses dont il avait ouï les splendeurs, et qui semblaient, à sa jeune imagination, aussi étonnantes que les merveilleuses descriptions des pays enchantés.

La veille de son départ, le sommeil ne put visiter sa paupière, et, l’aurore du vingt-quatre juin avait à peine illuminé l’horizon de ses tendres reflets, qu’il était debout, prêt à partir, avec les bons voisins aux soins desquels il était confié.

Jamais il n’avait paru plus fier dans ses habits de droguet, et, avec quelle crânerie il portait sur sa tête le petit chapeau de castor qu’il n’avait permission de mettre qu’aux grandes solennités.

Je n’entreprendrai pas de vous peindre le ravissement extatique de l’enfant, en ce jour mémorable qui fut le premier jalon de sa carrière.

Les grandes rues bordées d’arbres, les banderoles aux mille couleurs, les drapeaux flottant joyeusement dans les airs, les inscriptions appropriées, les bouquets de verdure et de fleurs le carillon des cloches, toutes ces choses, et bien plus encore, les chevaux caparaçonnés, les chars allégoriques et les fanfares éclatantes, le fascinèrent complètement.

Oh ! comme l’on fêtait bien, jadis, la grande fête nationale !

Puis, quand vint le petit Saint-Jean-Baptiste, frais et rose, dans sa perruque blonde et tenant dans sa main le bout d’un ruban qui retenait l’agneau symbolique, son admiration ne connut plus de bornes.

C’était alors la coutume, — beaucoup de gens s’en rap-